Au fil de l’eau – 3ème étape : De Tieke Kainga à Pipiriki
♪ Calme, cool ♫ la rivière brillante de bleu et de jaune nous emporte à nouveau vers de nouvelles péripéties. Nous entamons notre dernier jour plus tôt que les précédents… avec une heure de retard sur le planning prévu. Mais nous n’avons aucun regret, et c’est avec des étoiles dans les yeux après ce que nous avons vécu ce matin que nous nous dérouillons les épaules et reprenons le rythme de l’eau. Quatre heures de rivière nous attendent, et l’étape nous promet des rapides plus retors que ceux des derniers jours. « Attention ! après Ngaporo il y a un rapide à prendre à gauche, sinon c’est crash dans les rochers et chavirement assuré », ça promet !
Into the wild
Avant Ngaporo, nous passons à nouveau dans des gorges, au fond desquelles l’eau tranquille nous donne le loisir de les contempler à notre rythme. Le grand soleil et la lumière du matin offrent de splendides contrastes d’ombres et de couleurs. Et pour magnifier le tout, des cascades creusées dans les falaises jaillissent des tréfonds de la végétation sombre pour éclater leurs gouttes étincellantes dans la rivière. Il fait déjà chaud, mais pas assez pour risquer une douche glacée.
La famille Kiwie et les Anglais accrochent leurs embarcations à un rocher pour faire une pause baignade en profitant du décor. Pour nous, eh bien… euh… on verra plus tard… et nous poursuivons notre route en chantant pour cadencer les coups de pagaie dans l’eau. Tranquillement mais sûrement, nous arrivons vers le camping de Ngaporo et ses fameux rapides en aval. En aval ?
Oups, un rapide !
Nous apercevons la plage de pierre de Ngaporo, où se sont arrêtés les Hollandais, qui nous regardent attentivement. Euuh, pourquoi ? Ah ben oui. Il y a un rapide qui a l’air un peu plus balèze là. Droit devant nous, qui zigzague entre deux plages de galets. Au centre de la rivière se dessine le V salvateur, celui qu’il faut naviguer en son milieu d’après les fameux (fumeux ?) conseils que nous avons reçus. Alors en bons élèves, nous nous élançons, pagayons plus vite que le courant pour garder le contrôle du canoë, et fonçons au centre du V… qui se termine par une grande série de hautes vagues et rouleaux !
Suspens…
Accrochez-vous ça va remuer ! Nico : « t’inquiète ça va passer tout seul, on y va, go go go ! » Premier rouleau, Emi devant est trempée. Deuxième vague stationnaire, de l’eau s’engouffre dans le bateau. A la troisième, on a de l’eau jusqu’aux genoux… Aaaah c’est mal barré (Nico : « eh je fais ce qu’on m’a dit pourtant ! ») ça va finir à l’eau cette histoire ! Aussitôt pensé, aussitôt réalisé ! et plouf, on saute à l’eau.
Le canoë soulagé de nos poids, reste à flot tranquillement, grâce aux barils scellés et plein d’air. Bon, notre première pensée va à la coutume maorie : on est bénits par la rivière ! Mais ♫ c’est pas le moment de s’amuser ♪ le canoë pèse un âne mort, et sans avoir pieds (que nous relevons dans le sens du courant pour nous protéger des pierres) nous tentons de maîtriser la trajectoire pour sortir du courant et accoster sur la plage. Avant de sauter, Nico a juste eu le temps d’enfiler ses sandales et les tient du bout des orteilles pour ne pas les perdre. Pas simple c’t’histoire.
Trois minutes plus tard, alors que nous retrouvons pieds et gagnons en confiance, les Hollandais viennent nous aider à sortir le canoë de l’eau et à le renverser et vider ses mètres cubes d’eau grise. Nous sommes sortis d’affaire ! et heureusement que tout était ficelé sur le bateau autrement nous aurions pu dire « adieu » à nos affaires. A part quelques bleus, on s’en sort bien. On ne peut pas en dire autant de l’appareil photo de Nico qu’on retrouve penaud dans une poche hermétique mal fermée visiblement, en pleine apnée… La divinité de la rivière en aura décidé ainsi, trop de photos prises certainement…
Séchage des neurones
Le soleil est tellement fort qu’à peine 20 minutes plus tard nous redécollons tout secs affronter les « vrais rapides ». Sans blague ! Mais maintenant nous sommes prêts ! Dorénavant, on saura que le « V », il faut le prendre mais pas jusqu’au bout ! Et que si de l’eau rentre dans le canoë cela ne veut pas dire qu’il va sombrer : pas besoin de sauter pour le soulager. Il « suffit juste »de rester assis dedans en le stabilisant en jouant des abdos, quitte à écoper plus tard. Franchement, ils auraient pu nous dire ça au briefing…
Cette fois c’est la bonne
Et c’est donc sans problème que nous passons les rapides suivants réputés difficiles : des branchages tordus ? à l’aise qu’on les contourne ; des tourbillons dans tous les sens ? à l’aise qu’on trouve la voie subtile pour juste profiter du courant ; un rocher droit devant ? à l’aise qu’on évite le crash ; des grosses vagues qui noient le canoë qui nous précède ? à l’aise qu’on les effleure (faut bien s’amuser un peu tout de même) ; une rangée de cailloux et peu de fond ? à l’aise qu’Emilie se dresse en vigie pour trouver le meilleur passage, et que Nico slalome au planté de pagaie. Enfin… en vrai, il y a un ou deux rapides qui font dresser le poil à Célestine : le courant nous emmène là où il le veut, et les bords bien bas du canoë canadien font pâle figure devant les remous. Alors il arrive parfois d’en venir à devoir hêler le maire de Meaux (oula, attention, jeu de mot fumeux).
Nous poursuivons notre chemin avec deux nouvelles découvertes.
La remontée d’un joli affluent de la Whanganui River, hautement conseillée par Papy Refuge n°1 : nous nous faufilons le long de gorges pour déboucher au pied d’un torrent, dans un cirque de végétation dense.
Au détour d’un coude de la rivière, nous découvrons deux grandes grottes coincées dans les falaises. Elles sont sacrées pour les Maoris et alors nous décidons de ne pas nous y aventurer. Il parait que dans la première on a de la boue jusqu’aux genoux (miam), et qu’une belle cascade coule dans la seconde (nos oreilles nous le confirment).
Le paysage s’éclaircit, la rivière s’élargit, les berges deviennent moins pentues, les falaises grises laissent place à des pentes de pierres blanches ou bien des pâturages. Nous aprécions aussi cette dernière heure de canoë dans ce nouvel arrangement de roches, de végétation et d’eau.
Retour à la terre ferme
Un dernier virage, un rapide bien négocié parmi les tourbillons, les vagues retorses et les rochers, nos derniers coups de pagaie (nos épaules nous remercient) nous permettent d’arriver sur la rampe de fin de parcours. Nous sommes les derniers de notre compagnie ! yes ! on a été les plus longtemps dans l’eau nananèèèèreeeeuuu ! 15 minutes de retard seulement, on s’en sort pas mal en étant partis avec 1h de retard le matin.
Pas le temps de dire ouf que toutes les personne déjà arrivées nous sortent de l’eau, nous aident à défaire tout notre barda, et en deux temps trois mouvements, le canoë canadien est arnaché dans la remorque. Et zouh, le minibus décolle. Les autres ont déjà eu le temps de boire leur verre de jus de fruit et leur petit muffin au chocolat maison. Nous ce sera une véritable prouesse d’adresse que de ne pas renverser nos verres et nous retrouver le nez plein de chocolat fondant alors que notre conducteur aux gros bras fonce à toute allure sur la route de terre tortillarde et cabossée.
1h30 plus tard, la faim au ventre (toujours pas mangé notre déjeuner !) nous descendons du van et tandis que le personnel s’affaire à laver et désinfecter barils et gilets de sauvetage, nous faisons nos adieux à nos compagnons et rangeons tout notre fourbi dans le van.
Cet après-midi, c’est tranquillou ! Les nuages sont de la partie alors pas besoin de se presser. Après une pause logistique pour faire le plein d’eau et la vaisselle, nous nous posons à nouveau dans le grand champ, seuls, pour étendre les affaires trempées et préparer à manger. Et le soleil revient !
Alors nous en profitons pour lire, ranger, puis manger à nouveau le soir, et regarder un petit épisode de série avant de sombrer sur nos bons matelas du van.
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