Tanjung Puting national Park et ses orangs-outans : le guide de l’éco-voyageur averti

Une croisière à Tanjung Puting : usine à touriste ou expérience nature inoubliable ?

De un à plusieurs jours à bord d’un bateau en bois traditionnel au sein du parc naturel pour voir des Orangs-outans, ça vous dit ?

Croisière au Parc national Tanjung Puting

Ces 5 dernières années, le nombre de touristes a été multiplié par 5. Destination n°1 du Kalimantan (région indonésienne de Bornéo), le parc national est-il une version indonésienne de Disneyland-Wild ou s’agit-il vraiment d’un moment unique et serein pour apprécier la nature et ses merveilles ?

Réponse de Normand, ça dépend : de la saison, et de l’organisation que vous choisissez. Si vous voulez en savoir plus, cet article est fait pour vous.

Petit tour d’horizon

Tanjung Puting est un parc national au Sud de Bornéo, directement à l’Est de Kumai (le plus grand port de Central Kalimantan). La zone protégée est énorme et est constituée de forêt et cours d’eau. Les tours organisés pour les touristes ne parcourent qu’une toute petite partie. Les autres zones sont réservées aux chercheurs, rangers, et reporters (ou touristes très fortunés et intrépides).

Les croisières classiques empruntent toutes le même chemin : départ de Kumai, traversée de la grande rivière du même nom, et ensuite remontée de la rivière Sekonyer, puis éventuellement de la rivière Sungai Kecil jusqu’à Camp Leakey.
Cette rivière est la frontière Nord du parc. Mais ne vous y trompez pas, le gouvernement a bien fait les choses et sa rive droite est protégée aussi sur deux kilomètres. Ce n’est pas forêt vierge d’un côté et usines de l’autre.

Les croisières ne peuvent pas aller plus loin que Camp Leakey (base de recherche historique) tout au bout de la rivière.

Il est possible aussi de demander une autre croisière « à la carte » et arpenter d’autres rivières bien plus au Sud. Le prix et la durée seront plus élevés, car il y a une portion de mer à traverser et tous les bateaux ne sont pas équipés pour. De plus, les bases d’observation des Orangs-Outans n’y sont pas présentes. C’est davantage pour les professionnels.

Ce qu’on y voit / Ce qu’on y fait

C’est indéniable, vous aurez l’occasion de voir beaucoup de choses, et avec un peu d’organisation les conditions de voyage sont optimales.
Orang-outans, proboscis monkeys (les fameux singes au nez courbé), macaques à longues queues, grands oiseaux colorés (le légendaire Hornbill symbole des Dayak animistes, des martins-pêcheurs), peut-être des crocodiles, des léopards (le plus petit du monde mais pas moins teigneux), tarentules et serpents… Bon, je vous l’accorde, le must, c’est les primates et les oiseaux !

Martin pêcheur géant

Il y a trois arrêts (feeding stations) pour être sûrs (ou presque) de voir les Orang-outans, du plus près au plus loin :

  • Batas Waktu
  • Pondok Tanguil
  • Camp Leakey (la base de recherche historique)

Le projet de reforestation de l’association des amis du parc national est à Pesarat. D’ici partent aussi des treks d’au moins une journée et qui rejoignent Pondok Tanguil ou Batas Waktu. D’après notre guide, ils sont longs et exigeants, avec parfois des traversées de marécages avec de l’eau au-dessus de la taille.

Projet de reforestation

La ballade de nuit est à Pondok Ambung (base de recherche de l’Orang Utan Foundation UK) pour un trek dans la jungle. C’est une belle expérience où vous pourrez voir des tarentules et autres joyeusetés nocturnes !

Belle rencontre pendant le trek de nuit

Quand y aller ?

Définitivement en basse saison vous aurez moins de monde sur la rivière et les prix sont plus raisonnables. Notre guide nous a dit que de juin à octobre la quasi-totalité des 100 bateaux se bousculent dans la rivière.

Sachez aussi qu’en semaine, le prix du billet d’entrée est moins cher que le week-end, et vous évitez les hordes de touristes indonésiens, qui ne partagent malheureusement pas vraiment la même vision que nous d’une ballade en nature.

Les différentes formules possibles

La base

  • 1 jour. Pour les locaux principalement, ils vont jusqu’au Camp Leakey et reviennent. Les bateaux sont rapides, bruyants et dégradent les berges.
  • 2 jours/1 nuit (arrêt dans 2 des 3 camps)
  • 3 jours/2 nuits (arrêt dans la totalité des camps sur la route)
  • davantage : s’ajoutent du temps de pause, éventuellement des treks, et la re-visite de camps déjà vus.

Un tour vous coûtera généralement entre 5 et 7,5 millions de roupies pour deux personnes pour un tour de 3 jours et 2 nuits en basse saison. Les prix peuvent doubler en saison haute (oui oui vous avez bien lu, j’ai eu les mêmes yeux exorbités lorsque j’ai appris la nouvelle).

Les options

On peut demander à aller visiter le site de replantation d’arbres (et en planter un pour 50 000 Rp)

Il y a également le trek de nuit pour 50 000 Rp par personne.

Tout organiser soi-même ou faire confiance à une agence ?

S’il est possible d’organiser votre tour tout seuls, on vous recommande tout de même de passer par un opérateur car l’économie que vous ferez et l’énergie que vous y mettrez ne nous semble pas mériter la chandelle. Surtout au détriment de l’expérience et à la cohésion de certaines agences locales.
Il faut savoir que guides, cuistos, propriétaires et conducteurs de bateaux sont pour la plupart à leur propre compte. Mais que tous se connaissent et certains sont en association.

Toutefois, si vous souhaitez faire l’économie des 10 à 20% de commission de l’agence, yeah, vous êtes de vrais aventuriers ! Hop hop hop, pour vous épargnez trop de peine, voici nos quelques retours d’expérience.

Ce qu’il vous faut pour partir

  • Un bateau avec le conducteur et un assistant
  • Un guide
  • Payer vos droits d’entrée (avec une copie de votre passeport)
  • Faire les courses de nourriture pour 3 jours
  • Un cuisinier (sauf si vous décidez de faire la cuisine vous même)
  • Etudier l’itinéraire

** Conseils **

Arriver 2 jours en avance afin de rencontrer plusieurs bateaux, plusieurs guides et bien comprendre où aller faire vos courses et payer vos droits d’entrée. Le mieux est de se renseigner à Kumai, bien que la vie soit plus agréable à Pangkalan Bun.

Si vous passez par une agence, il faudra cependant bien la choisir ! On vous explique tout plus bas.

Une idée des gammes de prix pour vos faciliter la négociation

  • Bateau : 700 000 Rp par jour
  • Cuisiner : 150 000 Rp par jour
  • Nourriture : 800 000 Rp pour 2 pour 3 jours (pour se faire plaisir, attention, pas de frigo sur les bateaux)
  • Le guide : 300 000 Rp pour un guide débutant, 500 000 Rp pour un guide confirmé
  • Le droit d’entrée : 150 000 Rp/personnes en semaine; 225 000 Rp le week-end.
  • Transport éventuel entre Pangkalan Bun et Kumai ou entre l’aéroport et Kumai : 150 000 Rp/groupe.

Comment bien choisir sa croisière ?

Financer les bons acteurs

Partir en tour c’est bien, en choisir un vraiment ECO-responsable c’est mieux ! Les forts enjeux de ces croisières sont : développer une activité économique qui aide les locaux à ne plus travailler dans les plantation d’huile de palme, dans la déforestation ou les mines, tout en assurant la pérénité du tourisme et évitant la dégradation de la nature et du parc.

Mickey, éco-entrepreneur et philosophe

S’embarquer sur une croisière, c’est aussi soutenir financièrement un secteur qui se cherche encore, et pas seulement « voir » des orangs-outans dans la nature.

Pour vous aider face à la complexité de l’information sur place, voici nos retours pour organiser son éco-tour.

Une agence qui nous a beaucoup plus

Lors de nos recherches, nous sommes tombés sur plusieurs agences que nous avons contactées.

  • Orang Utan Journey, piloté par Mickey, le secrétaire général de l’association des guides locaux, on en parle juste après. Contact What’s App : +64 812 507 2707
  • Toris, guide à son compte, qui soutient le plus possible les actions du parc national et fait de la formation aux autres guides
  • Orang Utan Days, association focalisée sur la protection de l’environnement et l’éveil des consciences. Dirigée par Yoomie, directeur de l’association des guides locaux.

Nous sommes partis Orang Utan Journey (Mickey, de son vrai nom Michael). Et nous la recommandons sans hésitation aucune !
En plus d’être une personne formidable, intègre et honnête, généreuse et sociable, Mickey est un excellent guide qui connait la forêt, l’histoire du parc et porte son engagement social et environnemental au delà de sa casquette de guide et tour opérateur. Pour lire son portrait, c’est .
S’il n’est pas disponible, il vous aidera à trouver un guide, qu’il a lui même formé, donc on fait confiance =)

Quels critères regarder pour agir en éco-touriste ?

  1. Où va l’argent ? Transparence
    On évite les intermédiaires pour limiter les frais de commission trop important et que l’argent n’arrive pas dans les mains des gens qui sont sur le bateau avec nous. L’idéal : tout le monde est payé, moins la petite commmission pour l’organisateur.
    Il est préférable d’acheter le tour sur place à Pangkala Bun ou Kumai plutôt que depuis une autre ville. Si le prix de la croisière est le même, les vrais acteurs ne touchent pas le même salaire (il arrive que les agents de Bali empochent autant que l’organisation du tour, vous faisant donc payer double du prix normal). De plus, une agence locale sera la plus à même de vous proposer une expèrience réussie grâce à la connaissance qu’ils ont du terrain.

  2. Quel niveau de bateau et de service ?
    On vous recommande chaudement d’insister pour avoir un petit bateau. Le nôtre avait un ponton supérieur (pour la table à manger, le lit et deux transats) et une cale (pour la machine, la cuisine et la salle de bain). C’est amplement suffisant, vous serez plus agile dans les virages et réduisez les risques d’abimer les berges. De plus, le gouvernement va bientôt interdire les plus gros bateaux à emprunter la dernière rivière, de loin la plus jolie.
    Nous estimons qu’il n’est pas nécéssaire d’avoir la climatisation sur le bateau, puisque dès qu’il avance on profite de la brise, et qu’entendre un groupe électrogène fonctionner pour une clim est un non-sens dans une croisière de ce type. Après, c’est la jungle, alors oui, il fait chaud, et humide !

  3. Quels sont les engagements de l’agence ?
    Vous pouvez vérifier en ligne si l’agence vous convient.

    • A t-elle une charte ou un engagement (fait-elle travailler les communautés locales ? Participe-t-elle à des programmes de formations de ses partenaires ? S’engage-t-elle auprès d’une ONG pour la reforestation ou la cause animale ? Met-elle en place des mesures pour prévenir la pollution de la rivière ?).
    • Si rien n’est mentionné, vous pouvez poser la question par mail avant de valider votre présence.

La charte de l’éco-touriste

  • Choisir un tour auprès d’un organisateur soucieux de l’environnement
  • Négocier le prix du tour de manière juste pour tout le monde (sans chercher pas à tirer le prix trop vers le bas, ni n’acceptez n’importe quel prix)
  • Préferer un petit bateau qu’un gros pour épargner les berges de l’érosion
  • Préférer un bateau sans climatisation (pas besoin de toutes façons, dès qu’on navigue il y a de l’air!)
  • respecter les animaux : ne pas s’en approcher, ni les toucher
  • Limiter sa consommation d’eau claire sur le bateau (douches courtes avec un savon bio de préférence)
  • Ne pas mettre son papier toilette dans la cuvette…
  • Inciter l’équipe à nous servir dans un verre plutôt que d’utiliser trop de petites bouteilles en plastique
  • Discuter avec l’équipe, l’expérience sociale fait partie de la croisière
  • Il est de coutume de laisser un petit pourboire à la fin de tour à toute l’équipe

Les actions possibles pour aller plus loin ?

  • Participer au projet de reforestation en finançant des arbres
  • Faire des dons aux différentes associations sur place
  • S’inscrire à un programme de bénévolat sur place
  • Parler de votre expérience sur les réseaux sociaux pour faire connaitre les tours eco

Comment y aller ?

Pour se rendre au Parc National de Tanjung Puting, il faudra embarquer depuis Kumai. Kumai est une petite ville portuaire (une rue principale) le long de le rivière. Elle se situe à 30 minutes de Pangkalan Bun, une ville plus dense où vous pourrez trouver facilement les commodités que vous cherchez.

Aller à Pangkalan Bun

  • Par avion : un l’aéroport à Pangkalanbun
  • En bus : Depuis Banjarmasin jusqu’à Pangkalan Bun (230 000 Rp/personne). Le départ se fait depuis la station terminale de bus Km 6. C’est simple d’acheter un billet (au pire utilisez google traduction). Ne vous y trompez pas, le lonely annonce 12h de trajet, c’est en réalité 18h avec un arrêt à mi-chemin pour changer de bus (que vous pouvez attendre 2 à 3h). Ne vous inquiètez pas, le bus s’arrêtera pour manger deux fois.

Aller à Kumai

  • Par bateau (ferry) : Kumai depuis Semalarang ou Surabaya (Java). Les compagnies sont Dharma Lautan Utama et Pelni. Il y a plusieurs bateaux par semaine et la traversée met un peu plus de 24h (et une expérience hors du commun).

Depuis PangkalanBun, vous pouvez normalement :

  • Prendre une navette le matin pour 20 000 Rp ? (nous ne l’avons pas trouvée et personne ne vous indique son existence. Il semblerait qu’elle ne soit plus d’actualité d’après notre guide)
  • Arranger un véhicule local (ou taxi) pour environ 150 000 Rp
  • Négocier dans votre tour que le trajet depuis Pangkalan Bun soit inclus

Où rester dormir ?

A Pangkalan Bun

Si vous arrivez tout juste (par le bus de 3h de matin par exemple) vous pouvez trouver refuge à l’hôtel Alibaba. La chambre simple (toilettes extérieurs, pas de fenêtre, climatisation et draps fournis) est propre et le petit déjeuner inclus est vraiment très chouette (buffet indonésien). Comptez 250 000 Rp, sans doutes moins si vous réservez sur Agoda.

Vous pouvez aussi demander à être hébergé chez l’habitant. Pour notre part, nous avons trouvé une chambre à 150 000 Rp chez des gens charmants (Nining, Gideon et Agung qui tiennent une salle de billard près du centre ville). Petit déjeuner inclus et une ambiance familiale (nous étions leurs premiers hôtes !)

A Kumai

Nous n’avons pas de recommandation particulières sur où rester, mais nous en avons une sur où ne surtout pas aller ! Pourtant recommandée dans le Lonely Planet, on pense que les rédacteurs n’y ont jamais mis les pieds. Le personnel est désagréable, c’est sale (nous avons demandé à faire changé les draps), les murs et le ventilateur sont moisis, l’évacuation sent dans toute la pièce et l’espace est tellement réduit qu’on ne peut monter sur le lit que depuis le bout du lit. 100000 Rp sans clim et 200000 Rp avec. Bref : le Losmen Permata Hijau est à éviter.

Où manger ?

A Pangkalan Bun

Nous avons essayé et recommandons chaudement le Ramah Bakar (en face d’Alibaba Hotel). Vous pouvez choisir entre poisson (grillé ou frit), poulet (grillé ou frit) et tofu. On vous recommande particulièrement les aubergines grillées, le tahu, l’assiette de légumes et sa sauce. Pour la boisson, n’oubliez pas de demander sans sucre (sauf si vous aimez le sucre au thé). La cuisine est vraiment excellente (et moins grasse qu’ailleurs), le service est efficace et le prix dérisoire (1 poisson grillé, 1 assiette de légume, 1 tahu, 1 tofu, 2 aubergines, 2 thés pour moins 65 000 Rp, alors qu’on pensait devoir dépasser les 100 000 Rp).

La chek-list avant de partir en croisière

Et ouai mon grand, y'a la check-list

  • Avoir du cash pour payer les extras (trek de nuit, plantation, donations et pourboires)
  • Anti-moustique
  • Chemise à manches longues et pantalon ample et léger (protection contre les moustiques)
  • Des chaussures de marches (les fourmis s’appellent « Fire Ant » et ce n’est pas pour rien. En quelques minutes, vous aurez l’impression que votre corps entier brûle)
  • Un savon biologique, car tout finit dans la rivière…
  • Appareil photo bien chargé (et sa carte SD)
  • Téléphone en mode avion, pour profiter de la coupure avec la civilisation =)

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